Un visuel utilisé dans l'usurpation de Blockchain.com
Retrouvez tous les détails de l’arnaque à l’usurpation de Blockchain.com dans cet article. Dans le domaine des arnaques par internet, il est fréquent de retrouver les mêmes modes opératoires. Les innovations restent rares. Alors oui, chaque arnaque est différente, en apparence. Le logo n’est jamais le même. Le nom change. Les couleurs changent. Le type de produit change. Bref, la forme se renouvelle. L’apparence se renouvelle toujours. Pourtant le fond demeure. On a un prétexte avec un support visuel. Une équipe commerciale efficace pour démarcher. Et à la fin les victimes versent de l’argent, qui sur un compte bancaire, qui sur un wallet frauduleux. Et surtout, ces affaires ont une durée de vie limitée. Elle n’est guère plus que de quelques mois à une demi-année tout au plus. Mais aujourd’hui, vous allez découvrir une opération qui a duré presque 4 années.
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Alors quelles sont ces nouveautés ? Déjà, nous partons d’une situation fort banale. Une usurpation d’identité, avec un faux site clone qui a disparu relativement rapidement d’ailleurs. Derrière ce site, des comptes bancaires de collecte. Jusque-là, rien que de très classique. Et c’est à ce point que cela devient intéressant. Car les opérateurs de ce site, aux pseudonymes d’Antoine Sicot et de Mickael Jordan Agranier ont su trouver des relais locaux.
Des personnes qui ont œuvré pour exercer de fait la fonction d’apporteur d’affaires. Ils ont trouvé et su convaincre de nombreuses victimes en face à face, tableaux de simulations à l’appui, avec des cartes de visites et parfois des documents imprimés remis en main propre. Evidemment ces personnes vont se retrouver mises en cause, notamment par rapports aux obligations légales liées à l’activité de conseiller en investissement et probablement d’autres qualificatifs d’ordre pénal.
Et la force de ce discours est au-delà des rendements mirifiques et excessifs. Elle est de faire reposer l’affaire sur des montants indisponibles pendant des années. En parallèle de tout ceci, les rendements attendus sont distribués sans trop d’anicroches, sur le papier. Et au moment de l’échéance ? Les victimes réinvestissent. Elles ne souhaitaient pas toucher à leur petit pactole accumulé. Evidemment, un bon conseil les y encourageaient. Et quand bien même la demande de retrait était maintenue, les versements sont honorés. Dans le plus pur style de l’investissement pyramidal.
Résumons alors la situation : des rendements très importants, un blocage long des fonds, des échéances honorées et le capital débloqué correctement à la fin, pour les rares qui l’ont demandé. Quoi de mieux pour crédibiliser l’affaire ? Il était pourtant clair qu’un jour l’édifice ne pouvait que s’effondrer. En effet, ce jour c’était en début d’année 2023 pour le plus grand malheur des investisseurs.
Dans cette affaire, il fallait une mécanique bien rôdée, un fonctionnement rapide, simple et efficace. Assez rapidement, le faux site blockchain-bank.fr est hors service. Que cela ne tienne, des adresses email avec la messagerie Gmail feront l’affaire. Les documents sont identiques. Standardisés, ils sont produits en série. Les rapports mensuels sont diffusés à date fixe. Sobres, reposant sur un faux en écriture avec une falsification des vrais documents de blockchain.com, ils ont dupé leur monde. Les contrats sont rédigés de manière classique, en reprenant des modèles déjà existant.
Et surtout, les victimes participent activement à leur malheur. Elles doivent donner non seulement leurs données personnelles, mais aussi leur pièce d’identité. Derrière, on a créé un nombre important de comptes bancaires. Ils sont pilotés et gérés pour fluidifier la collecte des fonds. Il est indéniable qu’il doit s’agir d’un travail à temps plein où chaque erreur peut risquer de fragiliser et de faire effondrer l’ensemble.
Or des erreurs, nous en avons trouvé, fort heureusement.
Ce mode opératoire s’appliquéeavec quelques transactions en cryptoactifs. Ces opérations, nous avons pu les tracer grâce à la technologie de notre service Crypto&Check et en voici la quintessence.
Le graphique ci-dessus correspond aux données réelles du dossier. Il est volontairement flou pour des raisons de confidentialité. On constate un regroupement vers un compte de collecte. C’est relativement banal. Des comptes de victimes qui alimentent un compte de regroupement et tout ceci remonte vers un compte de niveau supérieur.
Ce qui est moins banal, c’est que dans cette affaire, il y a eu des versements de commissions pour les apporteurs d’affaires. Or ces commissions ont été parfois versées en cryptomonnaies et là ça commence à devenir intéressant.
Regardez ce schéma. Deux éléments sont à constater. Les bulles violettes indiquent les points de sortie des flux financiers. Ce sont les comptes à partir desquels les cryptomonnaies sont converties en monnaies fiat. Le compte le plus important se situe au milieu. C’est la bulle violette centrale avec la plus grosse flèche. Et là, grande surprise. L’alimentation des comptes de versement des commissions provient d’un seul compte d’origine, hébergé chez Blockchain.com !
Le point fort de cette affaire hors normes est l’ouverture d’une instruction. Les services de police en charge de l’affaire engagent déjà des premières actions. Nous avons déjà deux de nos avocats référents qui représentent des victimes et qui sont en contact avec le Parquet. Il est important que chaque victime fasse partie de la procédure pour préserver ses droits, et éventuellement fournir de nouvelles preuves qui pourraient faire défaut. Si vous êtes victimes de cette affaire, nous vous invitons fortement à prendre contact avec nous afin de vous joindre aux autres. Si vous avez effectué des transactions en cryptomonnaies, vous pouvez nous missionner afin d’obtenir une analyse de vos opérations. Nous sommes là pour vous aider et vous accompagner dans toutes vos démarches.